AUTRES PEINTRES AUTEURS DE REPRESENTATIONS DU HAVRE.

1/ Eugène Boudin (1824-1898).

Peintre français, Eugène Boudin est surtout connu par ses marines vibrantes de lumière et d'espaces ouverts.
Boudin est un des précurseurs de l'impressionnisme. Il fut le maître de nombreux naturalistes comme Renoir et Monet. C'est lui qui initiera ce dernier à la peinture en plein-air, car selon son principe, la nature est la source à laquelle le "pur-artiste" doit boire.
C'est dans les environs du Havre et notamment à Ste-Adresse que le peintre apprendra à son disciple à son nouvel art. Il avait, en effet, largement précédé Monet sur les sites normands où le jeune peintre se rendra dans les années 1860.
Boudin, contrairement à Jongkind se fit une spécialité de la représentation de vacanciers dans ses paysages. Ses oeuvres concernant le tourisme côtier lui apportèrent une importante clientèle.

2/ Johann Barthold Jongkind (1819-1891)

Peintre hollandais, Jongkind fut, lui aussi, avec Boudin et Manet un des précurseurs de l'impressionnisme. Lorsque Monet rencontre l'artiste en 1862, Jongkind qui travaille sur la côte normande près du Havre, a déjà une longue carrière de paysagiste derrière lui. Il apprendra, entre autre, au jeune peintre comment plier la nature à sa volonté, mais aussi à peindre des variations sur un même thème, ce thème étant souvent la représentation d'un endroit particulier en plein jour et au soleil couchant (cf : cathédrales).
Sa palette, qui repose plus sur l'utilisation de la couleur que sur celle du clair-obscur traditionnel, et sa touche large et déliée, encouragèrent Monet a être audacieux dans sa technique personnelle.
Il lui fera aussi découvrir la peinture hollandaise du 17ème siècle dont s'inspireront les naturalistes puis les impressionnistes.
Jongkind séjourna à plusieurs reprises à Ste-Adresse, où, en 1862, il réalisa une série d'aquarelles et d'huiles. Il est l'un des artistes qui contribuèrent le plus à la notoriété de la station balnéaire, même s'il y a rarement représenté des vacanciers.

Physiquement ruiné par l'alcool, Jongkind finira ses jours dans la misère. Atteint de folie, il mourut dans un asile d'aliénés à Grenoble.

Recherche et rédaction Olivia le Bail

Joseph Mallord William TURNER

Joseph Mallord William TURNER né le 23 avril 1775 au 21 Maiden Lane à Londres.
Fils de Barbier et perruquier de Covent Garden, il commence sa carrière d'artiste à 9 ans en illustrant des journaux qu'il vend aux clients de son père. Très tôt il fréquente des dessinateurs tel Thomas MALTON en 1789, qui lui feront découvrir la peinture. La même année, à l'âge de quatorze ans, il intègre les écoles de l'Académie royale. A 15 ans, en 1790, après avoir parcouru la campagne anglaise avec son oncle, il expose sa première aquarelle à l'Académie royale.
Son premier mécène le docteur MURO lui commandera des aquarelles de 1794 à 1797. Ce type de peinture lui permettra de découvrir l'importance des tonalités de couleurs que procure la lumière. Inspiré par Thomas GIRTIN il tentera par la suite de retranscrire à partir de la peinture à l'huile les nuances de couleurs que permet d'acquérir l'aquarelle.
En 1796 il exposera sa première peinture à l'huile. Il devient le 12 février 1802 académicien à l'âge de 27 ans ce qui lui entraîne une grande popularité dans les salons qu'il évite pourtant. Jusqu'ici sa peinture se rapprochait plus de celle des paysagistes hollandais mais l'arrivée de la photographie le pousse à étudier la lumière et ses effets sur la nature.
Oscar WILDE disait d'ailleurs de lui: " avant TURNER, il n'y avait pas de brouillard à Londres... ". La révolution industrielle apporte son lot de changements.
La Grande Bretagne très concernée par ces événements voit ses peintres sortir de leur atelier pour peindre de nouveaux paysages. Ils recherchent en priorité des cites pittoresques et de vieux monuments.
La Normandie semble alors se prêter à ces exigences. TURNER n'échappe pas à ce phénomène. Ces voyages en Europe le conduiront plusieurs fois en France. Son premier voyage dans ce pays remonte à 1802. Ce n'est cependant qu'au cours de l'été 1821 qu'il découvre la Normandie en débarquant à Dieppe d'où il rejoint Le Havre. Là, tel un reporter il prendra de nombreuses notes et exécutera de nombreux croquis sur les paysages de bord de Seine, l'architecture, les scènes de rue, les vêtements traditionnels, les cérémonies et fera quelques indications sur les nuances de lumière. Il consacrera au moins 10 études à la ville du Havre. Ces dessins sont répartis dans 5 carnets de croquis dans lesquels on trouve Le Havre, coucher de soleil sur le port ou encore Le Havre, la tour François 1er, crépuscule en dehors du port exposés à la Tate galery de Londres. Il retournera par la suite cinq fois en France dont la dernière en 1845 à Dieppe.

En 1807 il est élu professeur de perspective à l'Académie royale. Il Rencontre Gorge IV en Ecosse en 1822. En 1833 au cours d'un voyage à Paris il semblerait qu'il rencontre le peintre DELACROIX. En juillet 1845 il assume, en tant que vétéran des académiciens, les fonctions de président de l'Académie royale, le président SHEE étant malade. En 1846 il se retire de la vie publique en prenant u cottage à Chelsea sous le nom de l'amiral BOOTH.
Après avoir peint vingt mille toiles soit une par jour pendant soixante ans, il meurt à Chelsea le 19 décembre 1851 et fut enterré le 30 à saint Paul.

En 1870 MONET et PISSARO se rencontrent à Londres. Socialistes convaincus ils ont quitté la France pour ne pas combattre au côté de l'empereur. Là ils y découvrent l'œuvre de TURNER.
Certain comme DEWHURST prétendront que cette découverte fortifiera leur conviction quant à l'importance de la lumière,allant même jusqu'à dire que de là naquit l'impressionnisme. MONET affirmera que ce romantisme l'aura peu influencé. Quant à PISSARO, dans une lettre datée du 8 mai 1903 adressée à son fils il écrira: " Ce dont DEWHURST ne se doute pas, c'est que TURNER, CONSTABLE, tout en nous servant, nous ont confirmé que ces peintres n'avaient pas compris l'analyse des ombres qui, chez TURNER, est toujours un parti pris à effet, un trou. Quant à la division des tons, TURNER nous a confirmé sa valeur comme procédé mais non comme justesse ou nature ".
Cependant les analogies entre les œuvres d'artistes tel que TURNER et MONET ne semble pas manquer. On les retrouve dans: soleil levant dans le brouillard (1807) préfigurant Impression, soleil levant (1872), Effet de givre (1873) répondant à Gelée matinale (1813) et Yachts sur le solent (1827) annonçant Régates à Argenteuil (1874). Il semble d'ailleurs indéniable que ces peintres aient tous voulue rendre la transparence de la lumière et le fondue de l'atmosphère. SIGNAC semblera vouloir rendre à l'école anglaise et à TURNER la reconnaissance que MONET et PISSARO n'ont voulu transmettre dans son ouvrage De DELACROIX au Néo Impressionnisme.

Recherche et rédaction effectuées par Baptiste Blanchard.