ETUDES D'OEUVRES REALISEES AU HAVRE.
1/ La jetée du Havre par mauvais temps, 1867, collection privée (50*61cm).
Monet envoie deux vues du port du Havre au Salon de 1868.
L'une, les "Navires sortant des jetées du Havre" est acceptée, l'autre
rejetée.
La toile refusée, "La jetée du Havre" témoigne, comme les vues de Paris
réalisées à la même époque de l'intérêt que prend Monet à étudier des
sujets de son temps. Dans une lettre à son ami Martin, Boudin affirme que
la représentation de ces sujets se justifie tout à fait et place Monet à la
tête d'un nouveau groupe de peintres prêts à les exécuter. Selon lui : "
Les paysans ont leurs peintres... c'est bien, mais entre nous, ces bourgeois
qui se promènent sur la jetée au coucher du soleil n'ont-ils aucun droit
d'être fixés sur la toile, d'être amenés à la lumière ?"
Dans cette toile, Monet à accentué l'effet d'orage, et exagéré le roulis du
grand voilier, qui ne navigue pas de manière vraiment convaincante. Il a
ajouté la dédicace et la date lorsqu'il a offert le tableau au journaliste
Lafont, témoin de son mariage .
2/Sainte Adresse, 1867, collection Peter Nathan (57*80cm).
Après avoir terminé ses vues à Paris, Monet, sans ressources, est contraint
d'accepter l'asile que lui offre sa famille à Ste-Adresse, et de laisser
Camille seule à Paris alors qu'elle va bientôt donner jour à leur premier
enfant. Bien qu'il soit fortement préoccupé par cet état des choses, le
peintre se met au travail avec une énergie nouvelle. Le 25 juin, après
quinze jours passés à Ste-Adresse, il écrit à Bazille : "J'ai une vingtaine
de toiles en bon train, des marines étourdissantes et des figures et des
jardins, de tout enfin. Parmi mes marines, je fais les régates du Havre
avec beaucoup de personnages sur la plage, et la rade couverte de petites
voiles". Nous connaissons au moins quatre tableaux représentant la plage,
dont la toile de "Ste-Adresse". Celle-ci montre qu'en 1867, Monet a des
intérêts semblables à ceux qu'il avait en 1864, lorsqu'il peignait sur la
côte normande. On remarque d'ailleurs dans cette toile, comme dans beaucoup
de celles de 1864, la nette influence de Jongkind.
3/Terrasse à Ste-Adresse, 1867, Metropolitan museum of art, NY(98.1*129.7).
Durant son séjour à Ste-Adresse, Monet est en proie à un conflit personnel.
D'un côté, il peint avec ardeur et voit, probablement pour la première fois,
son travail approuvé par sa famille. De l'autre, il n'oublie pas que cette
atmosphère a pu être obtenue parce qu'il a admis que Camille soit reléguée
au second plan.
C'est à ce moment qu'il commence à peindre "Terrasse à Ste-Adresse". Les
pensées et activités de Monet sont centrées sur sa famille, ce qui reflète
dans cette toile. La tante du peintre, est assise au centre et nous tourne
les dos, son père se trouve à droite. Celui-ci semble surveiller la terrasse,
il contribue ne fait à établir la profondeur spatiale. Son regard se porte
au premier plan ouvert à la zone comprise entre les deux mâts décentrés, puis
sur l'horizon.
On peut observer une disparité entre la terrasse et la mer. La terrasse est
un lieu protégé, à l'abri de la tempête qui menace, obligeant les voiliers
à remonter le vent. La terrasse, c'est la réalité immédiate, tangible, calme.
L'agitation de la mer et du ciel, assimilables à un décor de théâtre,
évoque le contenu des pensées de Monet. Le tableau aux voiles gonflées qui,
se dirige vent en arrière rappelle la présence insistante de Camille enceinte.
La façon dont Monet organise la scène est arbitraire, tout comme l'est sa
façon d'harmoniser la profondeur et la surface dans tout le tableau. En
définitive, il y a un harmonisation globale, obtenue grâce à des éléments
tels que le jeu de touches de couleurs éclatantes pour les fleurs et les
drapeaux, ou encore la disposition du parterre de fleurs, etc...